PORTRAITS
︎Extraits de reportages
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Champ libre, avec Lina Bou
Sous le soleil, quelque part au Pays basque, entre l’océan et les montagnes,
nous avons déjeuné sur l’herbe avec Lina Bou. Lina cuisine, dessine, s’inspire de la nature, la cueille et la célèbre, invite à se reconnecter à elle. Un art de créer et un art de vivre, où s’expriment ses mains et sa sensibilité, où la nourriture touche les sens, pour revenir à l’essentiel : le partage. C’est l’été, et dans les assiettes de Lina, il a un goût de vert croquant et de feta crémeuse, de citron et de gâteau suédois.
nous avons déjeuné sur l’herbe avec Lina Bou. Lina cuisine, dessine, s’inspire de la nature, la cueille et la célèbre, invite à se reconnecter à elle. Un art de créer et un art de vivre, où s’expriment ses mains et sa sensibilité, où la nourriture touche les sens, pour revenir à l’essentiel : le partage. C’est l’été, et dans les assiettes de Lina, il a un goût de vert croquant et de feta crémeuse, de citron et de gâteau suédois.
Propos recueillis par Marie Mersier - Photographies : Marine Burucoa
La cuisine est synonyme de souvenirs, quels sont les tiens ?
À la maison, quand j’étais enfant, je me souviens d’une cuisine simple, entre tortillas espagnoles et tartines suédoises remplies de légumes. Il y avait aussi le traditionnel fika avec un beau gâteau comme celui dont je partage la recette, et un café filtre dans le jardin. Lors de la saison des fruits rouges, on allait en forêt avec ma mère pour cueillir des myrtilles, et en manger autant que possible. J’ai aussi des souvenirs en Espagne, près de Barcelone : les fruits de mer du port, la paëlla de mon oncle ou les macaronis à la catalane de ma grand-mère Antonia, qui étaient les meilleures. Ensuite, j’ai beau- coup voyagé : mes souvenirs ressemblent à un asado en Uruguay ou aux marchés locaux de fermiers en Australie. Puis je suis arrivée en France, et je suis tombée amoureuse des produits de la terre et des plantes sauvages comestibles.
À la maison, quand j’étais enfant, je me souviens d’une cuisine simple, entre tortillas espagnoles et tartines suédoises remplies de légumes. Il y avait aussi le traditionnel fika avec un beau gâteau comme celui dont je partage la recette, et un café filtre dans le jardin. Lors de la saison des fruits rouges, on allait en forêt avec ma mère pour cueillir des myrtilles, et en manger autant que possible. J’ai aussi des souvenirs en Espagne, près de Barcelone : les fruits de mer du port, la paëlla de mon oncle ou les macaronis à la catalane de ma grand-mère Antonia, qui étaient les meilleures. Ensuite, j’ai beau- coup voyagé : mes souvenirs ressemblent à un asado en Uruguay ou aux marchés locaux de fermiers en Australie. Puis je suis arrivée en France, et je suis tombée amoureuse des produits de la terre et des plantes sauvages comestibles.
Quelle est ta philosophie en cuisine ?
Je souhaite avec mon travail redéfinir certaines valeurs : la qualité au lieu de la quantité. J’aime la poésie et la gourmandise. J’aime la simplicité des plats et les produits de qualité. Mais la cuisine, ce ne sont pas seulement des ingrédients, c’est aussi l’intention que l’on y met, la célébration qui réunit les gens, le plaisir de s’amuser et de manger. La cuisine, c’est une affaire de cœur, alors si je peux transmettre cela, c’est formidable. Et puis, il y a aussi le lien avec la nature qui est primordial pour moi. Nous avons la chance en France d’avoir une terre riche avec beaucoup de fermiers qui travaillent pour offrir des produits de rêve, et notamment au Pays basque. Pour moi, c’est essentiel de les soutenir dans mon travail. Nous avons aussi plein de plantes et fleurs sauvages comestibles qui arrivent à différentes périodes de l’année, et j’aime les incorporer dans ma cuisine. La première chose que je fais lorsque j’arrive dans un nouveau lieu ou pays, c’est d’observer la nature qui vit aux alentours ; c’est là que je trouve une bonne partie de mon inspiration. Pour le reste, je laisse vagabonder mes idées entre une personne qui m’inspire, la musique, mes rêves, une couleur, un souvenir... Ce sont mes mains et mon cœur qui me guident.
Je souhaite avec mon travail redéfinir certaines valeurs : la qualité au lieu de la quantité. J’aime la poésie et la gourmandise. J’aime la simplicité des plats et les produits de qualité. Mais la cuisine, ce ne sont pas seulement des ingrédients, c’est aussi l’intention que l’on y met, la célébration qui réunit les gens, le plaisir de s’amuser et de manger. La cuisine, c’est une affaire de cœur, alors si je peux transmettre cela, c’est formidable. Et puis, il y a aussi le lien avec la nature qui est primordial pour moi. Nous avons la chance en France d’avoir une terre riche avec beaucoup de fermiers qui travaillent pour offrir des produits de rêve, et notamment au Pays basque. Pour moi, c’est essentiel de les soutenir dans mon travail. Nous avons aussi plein de plantes et fleurs sauvages comestibles qui arrivent à différentes périodes de l’année, et j’aime les incorporer dans ma cuisine. La première chose que je fais lorsque j’arrive dans un nouveau lieu ou pays, c’est d’observer la nature qui vit aux alentours ; c’est là que je trouve une bonne partie de mon inspiration. Pour le reste, je laisse vagabonder mes idées entre une personne qui m’inspire, la musique, mes rêves, une couleur, un souvenir... Ce sont mes mains et mon cœur qui me guident.
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Le temps de l’automne avec Kaitlyn Reinhart
Des raisins qui rôtissent dans le four, du basilic frais sur le balcon, le parfum solaire des olives et des anchois, et puis l’inoubliable trifle où l’on a plongé toutes nos cuillères : en trois recettes, la cheffe d’origine canadienne, Kaitlyn Reinhart, a exprimé l’essence de sa cuisine et de son langage créatif. Des goûts, des senteurs et des sensations où se rencontrent les souvenirs d’enfance, une inspiration couleur dolce vita, l’amour de la cueillette et de la nature. En plein cœur de Paris, Kaitlyn nous emmène ailleurs, là où l’été s’éclipse lentement pour laisser place à l’automne et à ses réconforts.
Propos recueillis par Marie Mersier - Photographies : Julia Velázquez Charro
Comment la cuisine est-elle entrée dans ta vie ?
Elle a toujours été là, car j’ai grandi dans une maison où la nourriture était essentielle.
Dans son potager, ma mère cultivait plein de légumes et d’herbes et mon père m’a transmis l’importance de l’esthétique d’un plat. Mes parents cuisinaient tout le temps et très bien, notamment des burgers garnis de galettes de viande mélangées aux herbes fraîches du jardin, accompagnés d’une salade César très relevée en ail. Puis, à 29 ans, de façon intuitive et en autodidacte, j’ai commencé à cuisiner professionnellement.
Elle a toujours été là, car j’ai grandi dans une maison où la nourriture était essentielle.
Dans son potager, ma mère cultivait plein de légumes et d’herbes et mon père m’a transmis l’importance de l’esthétique d’un plat. Mes parents cuisinaient tout le temps et très bien, notamment des burgers garnis de galettes de viande mélangées aux herbes fraîches du jardin, accompagnés d’une salade César très relevée en ail. Puis, à 29 ans, de façon intuitive et en autodidacte, j’ai commencé à cuisiner professionnellement.
Depuis, quel a été ton parcours ?
J’ai d’abord cofondé une entreprise de jus de fruits pressés à froid qui s’est vite transformée en Otium, un petit café végétarien et végétalien situé dans le 9e arrondissement de Paris. Selon le philosophe français Michel Foucault, le terme latin d’otium fait référence au temps libre que nous dédions à notre bien-être intérieur, et cette approche résonne beaucoup en moi. Lorsque nous mangeons ou partageons un repas, je pense que nous devons être conscients de tout ce que la nourriture nous offre, pour notre corps, mais aussi pour notre épanouissement personnel et collectif. Manger ou cuisiner sont pour moi des instants de contemplation, d’introspection et de créativité. Aujourd’hui, mon activité se déploie entre des recherches personnelles, la création de recettes et de menus, et un peu d’évènementiel. Au fil du temps, ma cuisine est devenue de plus en plus esthétique, avec une scénographie qui accompagne la nourriture. La cuisine me permet d’exprimer ma personnalité, ma sensibilité et mon respect de la nature.
J’ai d’abord cofondé une entreprise de jus de fruits pressés à froid qui s’est vite transformée en Otium, un petit café végétarien et végétalien situé dans le 9e arrondissement de Paris. Selon le philosophe français Michel Foucault, le terme latin d’otium fait référence au temps libre que nous dédions à notre bien-être intérieur, et cette approche résonne beaucoup en moi. Lorsque nous mangeons ou partageons un repas, je pense que nous devons être conscients de tout ce que la nourriture nous offre, pour notre corps, mais aussi pour notre épanouissement personnel et collectif. Manger ou cuisiner sont pour moi des instants de contemplation, d’introspection et de créativité. Aujourd’hui, mon activité se déploie entre des recherches personnelles, la création de recettes et de menus, et un peu d’évènementiel. Au fil du temps, ma cuisine est devenue de plus en plus esthétique, avec une scénographie qui accompagne la nourriture. La cuisine me permet d’exprimer ma personnalité, ma sensibilité et mon respect de la nature.
Comment cultives-tu ce rapport précieux à la nature ?
Cet été, comme je ne vis pas encore à la campagne (mon rêve), j’ai décidé d’avoir mon petit jardin d’herbes aromatiques. Aller vers la plante, la couper et l’emmener dans la cuisine, c’est un processus important lorsque je cuisine, cela me permet de me sentir proche de la nature, tout en étant au cœur de Paris. Sur mon balcon, j’ai planté de la menthe au chocolat, du romarin, du laurier, de la marjolaine, du basilic et de la verveine citronnée, mon parfum préféré pour les infusions fraîches. Et hors de Paris, n’importe où dans la nature, je me sens vraiment apaisée, alors dès que je peux, je me mets pieds nus dans un champ, ou face à l’océan.
Cet été, comme je ne vis pas encore à la campagne (mon rêve), j’ai décidé d’avoir mon petit jardin d’herbes aromatiques. Aller vers la plante, la couper et l’emmener dans la cuisine, c’est un processus important lorsque je cuisine, cela me permet de me sentir proche de la nature, tout en étant au cœur de Paris. Sur mon balcon, j’ai planté de la menthe au chocolat, du romarin, du laurier, de la marjolaine, du basilic et de la verveine citronnée, mon parfum préféré pour les infusions fraîches. Et hors de Paris, n’importe où dans la nature, je me sens vraiment apaisée, alors dès que je peux, je me mets pieds nus dans un champ, ou face à l’océan.
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Les tables tableaux d’Alice Roca
C’était une maison de week-end, une maison de cœur. Sur un coup de tête, Alice et sa femme Lital ont quitté Paris pour s’installer ici, en Normandie, en famille et en tête à tête avec un jardin où pavots et potager fleurissent et nourrissent l’inspiration. Si Alice a l’art de la cuisine qui réconforte, elle a aussi celui des grandes tablées qui réunissent. Avec son œil et ses mains qui disent tout de son goût, elle invente des scènes de couleurs et de saveurs dont elle nous livre un extrait, autour d’une table où se mêlent quelques trésors dénichés sur Leboncoin, une collection de verres, la cueillette du jour et les madeleines qui sortent du four.
Propos recueillis par Marie Mersier - Photographies : Gaëlle Rapp Tronquit
Cuisinière, directrice artistique, photographe : quel est le lien entre tous tes métiers ?
Mes mains ! À l’origine, je suis styliste mode et j’ai toujours adoré créer avec mes mains, dessiner ou fabriquer des objets. L’art de vivre fait également le lien entre toutes mes activités. Aujourd’hui, je suis cuisinière, autrice, photographe et directrice artistique. Écrire les recettes, réaliser les photos pour mes livres, composer des scénographies autour de la table : j’aime penser des projets dans leur ensemble et jouer avec les couleurs, les textures, les associations ; comme lorsque je travaillais dans la mode, finalement.
Cuisinière, directrice artistique, photographe : quel est le lien entre tous tes métiers ?
Mes mains ! À l’origine, je suis styliste mode et j’ai toujours adoré créer avec mes mains, dessiner ou fabriquer des objets. L’art de vivre fait également le lien entre toutes mes activités. Aujourd’hui, je suis cuisinière, autrice, photographe et directrice artistique. Écrire les recettes, réaliser les photos pour mes livres, composer des scénographies autour de la table : j’aime penser des projets dans leur ensemble et jouer avec les couleurs, les textures, les associations ; comme lorsque je travaillais dans la mode, finalement.
La cuisine est donc au cœur de ta vie et de cette maison ?
Les deux sont indissociables. C’est cette maison et la proximité avec le jardin, lesfleursetlanaturequim’ontinspiré un nouveau mode de vie, mais aussi de création autour de la cuisine. À la campagne, c’est plus facile de cultiver des fruits et des légumes – ce que j’adore faire dans mon potager avec l’aide de mon voisin Jean-Jacques – et les courses de dernière minute sont moins évidentes qu’en ville : la cuisine que je transmets découle de ce rythme et de ma vie de famille qui se passe en effet beaucoup ici. C’est ma pièce préférée, là où nous cuisinons, dînons, jouons aux cartes ou accueillons les amis pour l’apéro.
Les deux sont indissociables. C’est cette maison et la proximité avec le jardin, lesfleursetlanaturequim’ontinspiré un nouveau mode de vie, mais aussi de création autour de la cuisine. À la campagne, c’est plus facile de cultiver des fruits et des légumes – ce que j’adore faire dans mon potager avec l’aide de mon voisin Jean-Jacques – et les courses de dernière minute sont moins évidentes qu’en ville : la cuisine que je transmets découle de ce rythme et de ma vie de famille qui se passe en effet beaucoup ici. C’est ma pièce préférée, là où nous cuisinons, dînons, jouons aux cartes ou accueillons les amis pour l’apéro.
Tu décris ta cuisine comme généreuse, gourmande, végétale et colorée. Elle va aussi de pair avec ton goût pour l’art de la table ?
Oh oui, pour moi c’est une évidence, l’un ne va pas sans l’autre. Ma cuisine est simple et accessible, mais les recettes sont toujours très visuelles. Ça commence lors de la préparation des plats, au moment du dressage dans l’assiette, puis cela se poursuit sur la table avec le choix de la vaisselle, des nappes, des végétaux et des détails qui changent tout, comme un joli nœud de serviette. En fait, c’est une question d’harmonie et d’équilibre entre les couleurs des fleurs et la vaisselle, ou le juste contraste de la rencontre entre des verres contemporains et le brut d’une assiette de céramiste, ou des objets neufs qui cohabitent avec des pièces chinées.
Oh oui, pour moi c’est une évidence, l’un ne va pas sans l’autre. Ma cuisine est simple et accessible, mais les recettes sont toujours très visuelles. Ça commence lors de la préparation des plats, au moment du dressage dans l’assiette, puis cela se poursuit sur la table avec le choix de la vaisselle, des nappes, des végétaux et des détails qui changent tout, comme un joli nœud de serviette. En fait, c’est une question d’harmonie et d’équilibre entre les couleurs des fleurs et la vaisselle, ou le juste contraste de la rencontre entre des verres contemporains et le brut d’une assiette de céramiste, ou des objets neufs qui cohabitent avec des pièces chinées.
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